C.E.M.F. - CLUB des Experts Maritimes et Fluviaux

Expert fluvial  / Expert maritime

Dans quelle mesure ces 2 métiers se recouvrent-ils. des  Ont-ils techniques différents ou bien sont-ils proches ?

• La règlementation: on peut trouver de nombreux textes qui s’appliqueront de la même façon dans un cas ou dans l’autre. L’exemple des textes relatifs aux vices cachés publié sur le blog en est un exemple on pourrait en trouver beaucoup d’autres.

La différence fondamentale entre les 2 métiers est liée à la posture de l’expert : en fluvial, la plupart des expertises sont réalisées dans le cadre des procédures d’obtention ou de renouvellement de titre. Dans ce contexte l’expert agit en tant qu’Organisme de Contrôle  et doit, pour ce faire, se référer, dans le cas de bateau de plus de 20m, à une règlementation spécifique au domaine Fluvial , élaborée par un collectif de pays Européens connectés par des voies d’eau intérieures. Il s’agit d’ESTRIN, document  qui doit avoir à ce jour 560 pages. Il y a par contre d’autres cas de figure, pour les bateaux de moins de 20m par exemple, où l’Organisme de Contrôle se réfère à des règlementations d’origine maritime comme la division 245 mais réduite à ses clauses non spécifiquement maritimes.   Et dans  tous les cas l’expert produit un « Rapport de conformité ».

• Le type de bateaux: dans la pratique en « fluvial » on se trouve le plus souvent face à des bateaux en acier, parfois en aluminium ou en plastique, plus rarement en bois.

Bateaux destinés au transport de marchandises, de passagers ; transports spéciaux…

Dans tous les cas ces bateaux sont très différents des bateaux conçus pour la mer. Ils n’ont pas de quille par exemple.

Pour rester dans les situations les plus fréquemment rencontrées c’est-à-dire les bateaux en acier de plus de 20m, on se trouve face à 2 catégories bien distinctes même si on trouve parfois des bateaux à l’interface : des bateaux rivés qui sont apparus au 19^ème siècle et ont été construits jusqu’après la dernière guerre et les bateaux soudés, procédé de construction apparu au moment de la guerre. Procédés d’assemblage différents mais matériau différent également. Les tôles « d’avant-guerre » étant plus aciérées, id plus dures et plus résistantes à la corrosion, que les tôles soudées. On ne trouve  pas de bateaux rivés en « maritime »

• L’usage des bateaux. En fluvial la plupart des bateaux soudés (donc récents) sont des bateaux de commerce. Lors des tirages à sec le contrôle de l’état de la coque peut se faire, souvent, visuellement des 2 cotés. Ce qui confère une bonne fiabilité aux contrôles de conformité de coque. Pour cette catégorie et pour ce type de contrôle, on peut trouver des similitudes avec le maritime : bateaux de pêche en acier par exemple.

Quand on a affaire à des bateaux de plaisance il s’agit souvent de commerces reconditionnés donc de bateaux anciens rivés. L’accès visuel à l’intérieur est souvent impossible pour cause de vaigrage ce qui rend l’expertise de coque beaucoup plus complexe et ce d’autant plus que les constructions rivées présentent des faiblesses  spécifiques. Pour cette catégorie il n’y a pas d’équivalent en maritime. On y trouve également beaucoup d’ « Etablissements flottants » qui n’ont plus la capacité de naviguer, mais doivent subir des contrôles de conformité semblables.

• Des proximités mais ….

Les outils utilisés, tels les sondeurs d’épaisseur de tôle, peuvent être les mêmes.

De même un bateau osmosé sera traité de façon similaire par un expert maritime ou un expert fluvial. Similarité également pour une étude de stabilité

Mais l’expérience que je retire de plusieurs centaines d’expertises dans le domaine fluvial, me donne à penser qu’il s’agit d’un métier particulier et qu’il n’est pas facile de passer du maritime au fluvial. Probablement que le mouvement inverse n’est pas simple également.

Source : Eric Gallais - Expert fluvial